Jonathan Burrows & Matteo Fargion

Je n’ai jamais parlé ici de Jonathan Burrows et de Matteo Fargion que pour dire que je n’avais pas le temps d’en parler. Quelle ineptie ! Quand je pense que leur spectacle The Quiet Dance donné en février 2007 au Centre Culturel de Maasmechelen m’avait bouleversé (le mot n’est pas exagéré) et que j’ai vécu deux ans dans l’attente de leur retour annoncé, comment se fait-il que pendant tout ce temps je n’aie rien trouvé à en dire ?
Jonathan Burrows & Matteo Fargion
Ma première rencontre avec leur forme d’expression jusqu’alors tout à fait inconnue (de moi) avait été cette représentation de février 2007 de The Quiet Dance, morceau central d’une trilogie formée de Both Sitting Duet, The Quiet Dance et de Speaking Dance. Cette semaine, soit deux ans après ce premier choc inoubliable, j’ai eu l’occasion de voir l’ensemble donné en deux soirs, suivi le troisième par une création commanditée par Hugo Haeghens, directeur du Centre Culturel de Maasmechelen, avec pour prétexte le fortepiano de Nanette Streicher, instrument fétiche du Kasteel Vilain XIIII où se donnent une grande partie des concerts programmés par le Centre Culturel.
Dans The Quiet Dance, il n’y a pas ou que peu de musique au sens où on l’entend habituellement en ballet.
Il n’y a pas non plus de danse au sens restrictif où on l’entend habituellement.
Il y a, à n’en pas douter, une chorégraphie et des gestes.
Tous ces gestes sont de la musique, ils sont la musique.
Un spectacle unique en son genre.
Un ballet incontestablement, au sens le plus fort du terme, soit une « activité intense accompagnée de changements, d’échanges » pour reprendre les mots du dictionnaire Le Robert pour définir le sens figuré du mot ballet.

Dès les premières secondes de la représentation, j’ai eu le sentiment que ces deux danseurs me connaissaient personnellement, me parlaient de moi, parlaient à l’enfant que j’ai été et que suis resté au fond de moi. Mon coeur s’est mis à battre plus vite, plus fort.

Jonathan Burrows & Matteo Fargion

Je pourrais en parler longuement mais je préfère en rester là.
Je voudrais simplement inciter le plus de monde possible à assister à la représentation de The Quiet Dance. Jeudi soir nous étions une vingtaine (et encore, si on ne compte pas le personnel du Centre Culturel ni leurs conjoints, on atteint à peine les dix spectateurs), alors que ces représentations ont bénéficié d’une très vaste publicité. Je ne mentionnerai que les deux pages entières dans les quotidiens nationaux De Morgen et De Standaard dans la semaine qui a précédé la série de trois représentations et un millier de lettres d’invitations adressées à des personnes de la région censées s’intéresser à la danse, mais je sais qu’il y a eu un gros travail resté de toute évidence sans fruits.

Je me demande si ce spectacle ne devrait pas aussi être montré aux enfants.
Une des questions que je n’ai pas pensé à poser aux artistes est justement de savoir si The Quiet Dance avait été proposé à des enfants et comment ils réagissaient.

J’ai retrouvé mes impressions fortes quasi intactes après deux ans, mais la perspective change dès qu’on connaît (un peu) les deux autres pièces, Both Sitting Duet pour laquelle les deux artistes restent assis presque du début à la fin, les yeux rivés sur leur partition posée devant eux par terre, et Speaking Dance pour laquelle ils restent également assis, avec leur carnet de notes entre les mains. Ces deux volets ont une dimension plus intellectuelle, ou peut-être moins charnelle, ce qui laisse plus à découvert la structure théorique sous-jacente.

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Je ne parlerai pas ici de la pièce créée vendredi soir parce qu’elle m’a laissé sur ma faim. J’ai trouvé très enrichissante en revanche vendredi après-midi la séance de commentaires préalable à la dernière représentation du soir, au cours de laquelle les artistes avaient été invités à parler de leurs sources d’inspiration. Jonathan y est allé très fort en citant quelques références ardues tandis que Matteo évoquait, entre autres, Morton Feldman, le compositeur qui l’avait le plus marqué.
Une belle occasion de découvrir Palais of Mari de ce compositeur, une très belle pièce pour piano seul disponible intégralement en streaming realaudio. Pour une raison inconnue, je n’arrive pas à aspirer plus de 74% de ce fichier. Le téléchargement se bloque au dernier quart après environ 9 Mo. L’écoute en ligne se passe bien.

2 Responses to “Jonathan Burrows & Matteo Fargion”

  1. blessed écrit :

    A propos de Morton Feldman, quelques extraits assez beaux à écouter et à regarder sur youtube:
    Triodic Memories,
    Rothko Chapel,
    The Rothko Chapel,…

  2. kerbacho écrit :

    Palais de Mari : http://www.tarana.be/sarod/?p=1038

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