Casque à pointe et calot : identité nationale

Mon grand-père maternel Nicolas, en hommage auquel j’avais ouvert ce bloc-notes en juin 2005, est mort il y a 29 ans, le 24 janvier 1981, âgé alors de 85 ans.
Le temps passé depuis ce jour inoubliable est celui de la vie d’un jeune homme mûr, et pourtant j’ai l’impression que c’était avant-hier. Peut-être parce que je me tenais près de lui à l’instant de sa mort, sans toutefois comprendre vraiment ce qui se passait. Qui comprend « ce qui se passe » quand quelqu’un meurt ?

Sur aucune de ces deux photos de Nicolas prises à un ou deux ans d’intervalle, il n’a encore cet âge ! Et pourtant il a déjà porté deux uniformes différents, l’allemand avec le casque à pointe, à gauche, endossé à la fin de la guerre de 1914-18 (la Lorraine était allemande depuis 1870), et sous lequel il ira jusqu’en Roumanie, et le français, avec le calot, à droite, après 1918 (dates exactes à définir).
C’est entre autres dans la juxtaposition de ces deux photos que je puise mon refus fondamental des identités nationales et surtout mon aversion pour les uniformes (quel que soit le drap dans lequel ils sont taillés, réels ou virtuels) qui caricaturent ce que les nations peuvent avoir de bénéfique.

2 Responses to “Casque à pointe et calot : identité nationale”

  1. kerbacho écrit :

    Voilà les informations précises sur les dates de ces photos. À gauche, en 1915, Nicolas Philippe (1896-1981) en uniforme allemand, avec casque à pointe, en caserne à Saarbrücken, avant son départ pour le front en Roumanie.
    À droite, en 1919, Nicolas Philippe quatre ans plus tard (et non deux), en uniforme français avec calot et bandes molletières (qu’on ne voit pas ici), après avoir travaillé en région parisienne en tant qu’auxiliaire Alsacien-Lorrain de l’armée française aux chemins de fer, à Choisy-le-Roi ou à Villeneuve St Georges (grosse gare de triage dans le sud de Paris). C’est pendant cette période qu’il a découvert Paris qu’il visitait le dimanche avec un collègue alsacien, également déserteur de l’armée allemande ou fait prisonnier.

  2. kerbacho écrit :

    Entre ces deux photos, il y a donc trois ans de guerre qui le conduiront du front oriental en Roumanie, jusqu’à l’armistice entre l’Allemagne et la Russie en 1917, au front occidental.

    Et une blessure à Soissons en juin 1918 :
    http://www.tamu.edu/upress/BOOKS/1999/johnson.htm

    http://maps.google.com/maps?f=q&source=s_q&hl=fr&geocode=&q=soissons&sll=48.576355,7.699265&sspn=0.002985,0.005466&ie=UTF8&hq=&hnear=Soissons,+Aisne,+Picardie,+France&ll=49.382429,3.327742&spn=0.046769,0.087461&t=k&z=14

    http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=AUTR&VALUE_98=%20L%20C%20H%20&DOM=All&REL_SPECIFIC=1

    suivie d’un séjour au Lazaret à Strasbourg-Königshoffen dans le couvent des Capucins qui apparemment existe toujours :

    http://maps.google.com/maps?t=k&key=ABQIAAAAhlizuGxP_j0LxgfcWY35NRTr16qLCYm18jqe3ozqgQ-XHj_tNRTH9ImbfGo2b3jTHTmHdohLNxF_dA&mapclient=jsapi&ie=UTF8&ll=48.576355,7.699265&spn=0.002985,0.005466&z=18

    Il a donc non seulement survécu à la bataille de Soissons du 18 au 28 juillet 1918:
    http://en.wikipedia.org/wiki/Battle_of_Soissons_(1918)
    mais c’est sans doute au cours de cette bataille qu’il est passé du côté français.

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