Promiscuité

Hitec et religion vont bien ensemble. Se souvenir de l’invention de Gutenberg qui a rendu possible l’impression et donc la diffusion à grande échelle de bibles en langues vernaculaires.

Entendu il y a quelques jours Régis Debray à la radio établir en un raccourci saisissant et formidablement clair (à mon sens) le lien entre la radio à transistors qui a donné la guerre d’Algérie, la télévision qui a rendu l’islam visible en Occident et enfin le satellite qui l’a rendu transnational (ne pas oublier que parmi les musulmans, les non arabes sont deux fois plus nombreux). En ajoutant lapidairement que de culture écrite, l’islam était à présent devenu culture orale.

Il évoquait aussi l’extrême éloignement mental entre l’Occident et la culture islamique et leur extrême promiscuité physique. J’ai l’impression d’avoir compris ça quand je suis arrivé à l’école primaire de Behren-Cité en 1959. Je me souviens des interrogations suscitées par le visage prématurément ridé et surtout les tatouages au front et au menton de la mère (ou était-ce leur grand-mère) de certain(e)s de mes camarades de classe, fraîchement débarquée d’Algérie. Dans ma tête de garçon de cinq ans, c’est-à-dire sans formuler la question, je me demandais déjà comment se comblerait le fossé entre le monde de ces femmes-là et celui de ma mère ou de ma grand-mère.
Près de cinquante ans plus tard, la question se pose avec une acuité nouvelle.

One Response to “Promiscuité”

  1. débloque-notes » Blog Archive » Rue Saint-Blaise écrit :

    [...] J’ignore si cette photo a été prise dans une autre rue de Behren ou bel et bien dans cette rue Saint-Blaise où j’ai vécu enfant, heureux, pendant quelques années à la fin des années cinquante et au début des années soixante. Peu importe, elles se ressemblent toutes, même si l’ample U de cette rue-là était mon terrain de jeu préféré. Le béton frais et lisse du centre commercial était mon paradis de patineur à roulettes borné par de solides poteaux métalliques autour desquels il faisait si bon tourner. J’y ai découvert un monde fait, je m’en souviens très bien, en proportions inégales d’Algériens disparates et souvent dégingandés, d’Ukrainiens, tête un peu carrée, cheveux blonds, taillés à la brosse, de Berbères, visages des femmes tatoués au menton et au front, d’Italiens et surtout d’Italiennes que j’entends encore, à l’heure de la soupe, passer leur tête par la fenêtre pour appeler à la cantonnade leur progéniture aux prénoms pour moi exotiques « Roooooosa, Angeliiiiiino », d’Allemands, de Polonais, de Marocains,… en fait, je ne sais plus très bien… D’ailleurs à l’âge de cinq ou six ans, j’étais persuadé qu’eux étaient tous nés sur place, qu’ils étaient bien chez eux ici et que c’était moi l’étranger, campagnard venu du village voisin. [...]

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