Mandarine

Cher M.
en cette veille de Saint-Nicolas, fête encore très vivante parmi les petits et les grands dans le pays que j’habite aujourd’hui, je voudrais te dire par ces quelques lignes à quel point je me suis senti heureux de converser avec toi ce soir par téléphone, touché par ta belle voix douce et calme d’adolescent.
Tu as évoqué les questions pressantes de ta famille sur ce que tu souhaitais comme cadeau pour Noël. Tu m’as raconté aussi l’expérience troublante de ta première rencontre, à l’âge de quatorze ans, avec ton grand-père. Il ne m’en faut pas plus pour me mettre à gamberger.

Mes grands-pères ont compté pour moi. Jean, mon grand-père paternel, par son absence. Je ne l’ai pas connu puisqu’il est mort quand mon père avait ton âge aujourd’hui. Qu’aurais-je eu comme relation avec lui s’il avait vécu ?
Mon grand-père maternel, Nicolas, par sa présence, forte au point que c’est à sa mémoire que j’ai dédié ce bloc-notes.
Dans la France où j’ai vécu enfant, la fête de Saint-Nicolas n’était plus qu’un vague souvenir, une tradition confuse et presque disparue, rien de comparable avec la frénésie qui de nos jours s’empare de la Flandre et des Pays-Bas dès la fin du mois de novembre et culmine le 6 décembre.
Je me souviens que mon esprit de gamin avait bien du mal à réconcilier d’une part l’image bizarre de ce saint chenu, barbu et chevelu, en robe rouge avec sa crosse et sa mitre, et d’autre part la frêle silhouette de mon cher grand-père, chaleureux, simple et même austère.
Je me souviens que mon père me racontait que quand lui-même était enfant, au début du XXe siècle, c’était la Saint-Nicolas et non pas Noël qui était la fête des enfants. Il précisait que le cadeau dont il rêvait, c’était une mandarine. Une mandarine.

L’année prochaine on parlera peut-être du Père Fouettard, l’acolyte de Saint-Nicolas (à moins que ce soit celui du Pére Noël), connu ici sous la forme du Zwarte Piet. Une autre histoire.

Répondre

*